En zone rurale, les réseaux de commercialisation des produits agricoles sont bien structurés et fonctionnels. Ils sont majoritairement tenus par de grands commerçants. Les petits producteurs constituent les principales sources d’approvisionnement et les achats sont effectués au moment de la récolte à des prix extrêmement bas. Ce qui fait perdre aux petits producteurs toute leur capacité à investir dans l’achat des intrants agricoles et l’amélioration de leur exploitation. Cette situation affecte aussi leur disponible financier pour la scolarisation des enfants, la santé familiale et autres charges sociales.
Pour encourager les producteurs à organiser la commercialisation de leur production agricole, le projet d’appui à la sécurité alimentaire financé par la fondation HEKS EPER a initié la vente différée. Cette stratégie consiste à unifier les excédents agricoles des petits producteurs pour ainsi constituer de stocks collectifs de quelques dizaines de tonnes afin d’accéder à des prix rémunérateurs. La vente des productions en période de soudure permet aux producteurs d’obtenir des marges bénéficiaires importantes et d’augmenter leurs revenus agricoles.
Les activités du projet ont débuté avec la sensibilisation de 40 villages sur la vente différée. Il a été ensuite procédé au recensement de 72 OP, la régularisation de leur statut administratif, comme la gestion transparente des stocks collectifs nécessitent un cadre formel et réglementé.
Une première formation sur la vie associative, le marketing et la gestion de stock a concerné les équipes dirigeantes des OP. Cette formation a été le cadre pour discuter d’une stratégie de mise en place d’un réseau de commercialisation. Une autre formation sur l’utilisation de triple ensachage pour la conservation sans pesticide du niébé et la manutention des stocks a regroupé plus de 1500 producteurs au niveau des lieux de stockage. Il a aussi été présenté les conditions d’adhésion à l’initiative, le plan d’affaire et les résultats attendus de l’opération de commercialisation.
En 2019, à la troisième année du projet il en résulte un réseau de commercialisation avec 120 OP appartenant à 5 unions et 27 comités de gestion. Il a été utilisé 42 magasins dont 3 construits par le projet pour le stockage de 308,5 tonnes de produits agricoles (Figure 1). Ce stockage a mobilisé 372 producteurs, dont 30% de femmes, à la première année et 626 producteurs, dont 27 % de femmes, à la deuxième année.
Pour la première année, le stock constitué d’une valeur de 26 625 970 F CFA en période de récolte a été vendu à 40 793 765 F CFA. Les principaux acheteurs sont pour 90% des commerçants et 10% le PAM. Au cours de la seconde année, il a été mobilisé un stock d’une valeur de 28 391 000 F CFA qui a été vendu à 36 908 300 F CFA. Les achats ont été effectués par le PAM pour 30% de stock et par les commerçants locaux pour le restant.
Pour les deux années, le stockage a procuré aux producteurs une marge bénéficiaire de 29 à 44 % pour le mil et de 32 à 74 % pour le niébé. L’opération a rapporté un bénéfice total de 22 520 109 F CFA avec un profit annuel moyen lié au stockage et à la vente différée variant entre 13 342 et 38 604 F CFA par producteur selon les années.
Cette opération a permis de tester la faisabilité d’un réseau de commercialisation des produits agricoles au profit des membres des OP.

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